Suite d'une invitation inattendue

Ayant reçu invitation à se présenter en le château des Castelmaure, Romuald avait pris chemin depuis quelques temps. Ce long voyage l'avait quelques peu fatigué, aussi fut-il content de voir le château se dessiner à l'horizon.

Quelques heures plus tard, Romuald se présentait à l'entrée des lieux et s'annonca aux gardes

Bien le bonjour gens d'armes qui porte tenez.
Je me nomme Romuald de Vaisneau et j'ai reçu missive du duc de Nevers m'invitant à me rendre en ce château dans les plus bref délais et sans explications.
Pourriez-vous m'informer de la raison de cette demande ? Ou plus simplement me faire annoncer...

Auprès des gardes, la bonne Judtta, bien en chair, un visage rond et rougeaud, qui s'en revenait du lavoir un ballot de linge sous le bras, avait fait une pause pour se faire flatter par les gardes boutonneux qui ne demandaient qu'un peu de chaleur féminine en ce jour de pluie fine et humide (pléonasme ? Nooooon).

Voyant arriver le sire Romuald, bel homme - bien plus en tout cas que ces gardes - elle s'avança, fille bien ignare, pavanant avec ses gros sabots, mais resta interloquée quand il posa sa question.

-« Ach ! Mézire, c'est drop debander, lé maîtré né nous dirrra jamé qui vient le boirrr... »

Et n'ayant pas l'idée qu'elle pourrait être celle qui préviendrait le duc, elle resta à le regarder, son air niais habituel dans le regard.

Romuald écouta attentivement ses interlocuteurs, car tout deux avaient une diction tellement étrange qu'il lui était difficile de comprendre tout les mots sans à avoir à repasser la phrase dans sa tête.
Aussi à un moment comprit-il qu'il devait attendre car le garde allait quérir le duc.

Je vous en prie, faites donc. Je patienterais ici lieux l'arrivée de votre Maître.

Et Romuald s'en retourna dans sa voiture afin de sen reposer quelque peu

Averti par Pelot, le gros Gimont se dirigea vers l’entrée, accélérant le pas. Ses bras débordaient de toutes sortes de pains et fruits, qu’il ballotait de droite à gauche en accompagnant sa masse graisseuse, rendant l’image d’un homme benêt et bourru, et surtout curieux.

Il s’arrêta à une certaine distance de l’invité, et le dévisagea impoliment.
Lorsqu’il le vit s'éloigner vers sa voiture, il s’approcha et intervint.

-« Bien l’bonjour Messire. ‘Soyez pas trop dépaysagé par l’Pelot, l’est pas très très malin, ‘voyez ? Mais c’est un bon gars ! Vous avez faim Messire ? »

Il lui tendit une pomme de ses mains potelées.

-« C’est bon pour la santé les fruits, ça rend intelligent »

Et avant même d’avoir eut une réponse, il croqua dedans.

-« J’en mange au moins trois par jours, s’comme ça que j’peux tout savoir faire ici, ‘voyez ? C’est un stratagème… » Dit-il, fier d’avoir utilisé un mot aussi long, bien qu’il n’eut aucune idée de sa signification.

Ah oui, mon invitation ! Veuillez m'excuser, elle m'était sortie de l'esprit. Je suis revenu d'une villégiature d'une semaine à Paris voici quelques jours, et j'avais l'esprit totalement occupé à d'autres affaires très importantes. Mais peut-être pouvons-nous nous entretenir dans la grande salle du château. Je nous y ferai bailler pitance et boisson.

Charles invita alors son visiteur, Romuald de Vaisneau, à le précéder vers l'entrée du château. En se retournant, il aperçut sa mère, Jehanne de Cassagnes-Begonhès, et le Gros Gimont, le factotum de Chablis.

Tenez, voici madame ma mère, Jehanne de Cassagnes-Begonhès, fille d'Arnaud de Cassagnes-Begonhès, lui-même fils cadet de Philippe Ier, co-vicomte de Lautrec...

Charles vit Gimont esquisser un mouvement vers son visiteur et lui.

Jehanne s'inclina itou, mais pas trop, parce qu'elle risquait un lumbago.

-« Charmée de même, messire de Vaisneau. Mais rassurez-vous, rassurez-vous, je vais vous suivre, vous et mon grand Charles... »

Oui, on est curieux ou on l'est pas.