[Rp] Patati et patata toute la journée ça n'arrête pas !

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

Béatrice, pour la toute fin de l'année, s'était exilée à Railly, sans prévenir quiconque, hormis ceux de sa mesnie qui l'avaient accompagnée là, et son époux. Pas même la nourrice du petit Franc ne savait où disparaissait la mère. De toute façon, les enfants, à cet âge, il ne faut pas s'y attacher : s'ils mourraient, on en serait trop peiné.

Elle s'était exilée, car elle ne voulait pas mourir avant d'être montée sur le trône. Et pourtant, cela arriverait, si elle continuait à voyager à ce rythme !

Railly, c'était le dernier château de son domaine de Chastellux qui avait été habité. C'était Della et c'était le confort d'un château en bon état. À Chastellux, il n'y avait pas de meubles ; aurait-on dormi sur la paille, pauvrettes cucendrons ?

Le château n'était pas grand, mais ils étaient peu nombreux. Dans une petite chambre, où crépitait un beau feu de chêne, Béatrice et Blanche brodaient et lisaient tout le jour, et la nourrice et gouvernante du petit Charlemagne, ponctuait parfois le silence de quelques mots attendris pour l'enfant qui gambadait un peu partout. Un peu moins de deux ans, le mioche... Le pire des âges, où l'on commence à parler et ennuyer tout son entourage d'inintelligibles paroles.

Béatrice n'était attendrie de son petit héritier que lorsqu'il dormait. Pour cette raison, elle était après broder un petit oreiller pour lui, de ces mots en belles lettres gothiques : "Mon petit coeur."

Parfois, inspirée, elle fredonnait un air, ou décidait la gouvernante à aller dans une autre chambre pour les jeux de Charly.

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 31/12/2010

Blanche s'était amusé du petit Charles comme elle s'amusait de ses cavaliers. Ils sont beaux, adorables, attendrissants... mais surtout bruyants, baveux, et probablement porteurs de nombreux germes. Ce qui, dans l'état où elle se trouvait alors, l'inquiétait un peu.
Mais, heureusement ! Béatrice avait pensé à tout. Car, même si l'esprit de Blanche se serait facilement évadé pour imaginer, en leur intégralité, les terres de Railly et leurs paysages, elle n'en avait point le temps, la pauvresse ! Il fallait lire, il fallait broder, il fallait supporter le petit Charles et son assommante gouvernante, qui, bien que dotée des atouts mammaires indispensables, semblait à l'avis de Blanche bien pauvre en conversation.

La conversation, d'ailleurs, n'avait pas été centre de leurs préoccupations à toutes les deux ; bien que de nombreux sujets aient été abordés, concernant, surtout, le passé de Blanche et ses origines, jamais encore elle n'avait mentionné la raison exacte de sa venue en terres impériales, le jour où elle avait mandé à Béatrice l'autorisation de devenir sa dame de compagnie.
Étonnant, non ?
On aurait pu croire que Blanche, comme de sang barbare, celte ou viking, quoiqu'un peu des trois à la fois, aurait trouvé courage, et culot, de soudain suspendre leurs activités de femmes accomplies, pour mettre les pieds en terres et plat hostiles, pour aborder épineux problème ?
Eh bien, non.
Poussée par la relation fraiche qu'elle avait avec la Duchesse de Nevers, et parce qu'elle ne voulait, l'honneur mis à part, pas lui faire affront, ou pire.. pitié, Blanche avait simplement repoussé au lendemain, au sur-lendemain, à l'archi lendemain, et plus tard encore la discussion ultime qu'elle devrait engager.
C'était dommage. Et surtout idiot. Un jour, assurément... Il lui faudrait, pressée par le temps, avouer son méfait.

Votre Grâce ? demanda t'elle soudain, regrettant immédiatement d'élever la voix, alors qu'elle n'en avait jamais pris l'habitude. Rompre le silence, d'un langue rauque et malhabile (quoique s'améliorant, Blanche rencontrant de plus en plus de français), était pour elle une grande première. Difficile, donc, de tenter la banale conversation, quand son impromptue prise de parole, et son teint rouge écrevisse criaient à la confession.

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

Si Blanche n'avait pas rompu le silence, il était peu probable que la Duchesse l'eût fait. D'ordinaire, elle parlait ou bavassait de tout et de rien, sans grande concentration, sans... sans éprouver ses migraines, en somme.

Mais là, là, là ! Depuis un mois bientôt, elle discutait, débattait, argumentait, contre-argumentait, présentait, rétorquait, renchérissait, approuvait, répondait, consultait...

Alors, elle faisait la grève de la parole. Le calme, bon dieu, le calme ! En fin de compte, il était facile de comprendre pourquoi Lévan III avait fui les harpies de la Cour, non ? Bien sang de bois, dans quoi s'était-elle embarquée ?

Elle coupait un fil, et Gusgus, serviteur attaché au domaine de Chastellux à l'année - l'un des rares - vint lui apporter de vieilles perles bleutées et un ruban rose qu'elle allait accommoder autour du coussin - les couleurs, à cette époque, ne sont pas genrées, grâce au ciel - quand deux mots s'élevèrent.

Blanche parlait.

Mayde, Mayde ! Bravo Lima Alpha November Charlie Hotel Echo !

La Duchesse se crispa sur son siège, regarda le feu, et se détendit.

-"Oui ?"

On fait usage de mots avec parcimonie. D'autant qu'elle a du beurre sur les lèvres, la Duchesse, pour prévenir les gerçures. Plus elle les bougera, plus vite il faudra en remettre...

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 31/12/2010

Tout ça... Pour ça.
Il fallait l'avouer, que d'une syllabe anodine et innocente, Béatrice venait de saper l'intégralité du courage de sa dame de compagnie. Pas que Blanche soit couarde, juste que l'intonation, d'une élégance sans nom, telle, même, que Blanche l'avait imaginée avant de venir en Bourgogne, avait de quoi vous glacer les sangs. Il voulait dire, ce "oui", que Béatrice faisait, peut être, l'économie des mots, et cela était presque ridicule, de voir l'une viser l'essentiel et s'en sortir avec panache, quand l'autre bavait d'être maladroite, et trahissait son angoisse par l'emploi inapproprié de grammaire ou d'expressions.
C'était pas si compliqué... se raisonna t'elle. Dans quelques secondes, minutes, phrases, elle ne serait plus cette minable engrossée qui n'oserait pas dire les choses à la Duchesse.
Salut, tu vas bien ? Hey, tu sais que je suis plus pucelle, ça y est !
Oh, salut Béa ! Huum... J'adore ton parfum, et c'est une femme qui te le dit, je suis plus pucelle !
Ah, bonjour Madame von Frayner ! Vous savez, je suis plus pucelle. Oh bah non, un français, hop-là !
Salut, petit Charles, t'as quel âge, deux ans ? T'es encore puceau j'imagine. Tu verras, ça vient plus vite qu'on l'imagine.
Bonjour, une baguette et deux croissants s'il vous plait. Au fait, je ne suis plus pucelle. Non plus. Je-ne-suis-plus-pucelle, je-ne-suis-plus-pucelle ! JE-NE-SUIS-PLUS... MAMAN...!

Qu'est ce qu'on mange ?
Oui, donc, c'était vrai, elle n'était plus pucelle. Et elle ne l'avait dit, honneur oblige, à personne. A part en confession, mais la confession, ça ne comptait pas. Dieu pardonnait tout, c'était obligé... Il pardonnerait ça. Et puis aussi, à Della. Mais Della c'était différent, Della c'était "Elles", et leur affection, Della ça ne comptait pas !
C'est marrant, l'importance qu'elle donnait à cette bavure...
Elle réfléchit, avant de parler et de dire à Béatrice ce qu'elle pensait vraiment.
Oui, c'était marrant. Il y a plus important que cela, n'est ce pas ? De toute façon, elle l'aurait fait tellement de fois après, qu'importe ! Parfois même sans s'en rendre compte...

Elle déglutit avec lenteur. 16h37. Son cœur bat la chamade. Aujourd'hui, Blanche avoue l'impossible à Béatrice. Et elle commence à comprendre ce que ressentaient les petits gars du rohannais, en arrivant à Laval.
J'ai quelque chose à vous avouer de bien pénible, Duchesse.

Fox-Bravo ici Bamboo-kipli. Demande renforts immédiatement !

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

Ah, mince. C'était pas pour quelque chose d'anodin comme l'autorisation d'aller au petit coin, ou l'annonce d'une faim inopinée.
La faim, d'ailleurs, c'était impossible : comme partout où elle aimait à être confortablement installée, Béatrice était entourée de bonnes choses : gingembre confit, saucisse sèche, fruits secs, biscuits... Le tout était de ne pas trop se salir les doigts, on en mettrait ensuite sur l'ouvrage de broderie : ça ferait mauvais genre.

Genre négligé, genre femme du peuple, genre qui-ne-tient-pas-son-rang, genre...

Bref : c'est pas classe, un coussin au sauciflard.

Re-bref : elle ne pourrait pas cette fois répondre d'un mot bref.

Non, c'est plutôt quelque chose comme :

-"Amandine..."

Moui, c'est bref aussi, ça ; provisoirement seulement.
La gouvernante leva la tête, un petit geste du poignet ducal (si doué pour le faire, ce petit geste), et le marmot sur la hanche, elle quitta la chambre avec le mini-Empereur.
Béatrice posa son ouvrage et porta son regard sur Blanche, qui avait tout eu le loisir de préparer ses mots...

-"Dites-nous cette chose pénible. Nous pouvons tout entendre."

Ça, Béa, c'est ce que tu crois !

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 31/12/2010

Cela aurait été plus aisé pour elle, de raconter toute l'histoire, et les détails affreux qu'elle contenait. Après tout, il s'agissait des quinze jours les plus sombres de son existence, et puisqu'ils étaient désormais liés à la famille von Frayner, Béatrice ne devait elle pas entendre tous les mots ?
Mais, la cruauté qu'elle aurait dû dépeindre ne plaisait pas à l'hermine, elle se trouvait, lorsqu'elle se confessait à ce sujet, au moins aussi fourbe que son bourreau. Porter l'engeance du mal, et conter sa création, cela était presque pire, disait elle, qu'être le Mal lui même.
Alors, au delà de tout récit manichéen, Blanche se contenta d'une requête. Directe, franche... Comme le lui avait conseillé Della. Et, si Béatrice était aussi juste que l'esprit de la bourguignonne blonde l'avait prédit, la demande, assurément, ne serait que positive. Comment dire non, quand l'innocence vous mande d'être vengée ?

Je vous demande, annonça t'elle, soutenant le regard de sa Duchesse, l'autorisation de me venger de votre neveu, le duc Chlodwig von Frayner, pour s'être rendu responsable de mon déshonneur.

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

Chlodwig - responsable - déshonneur.

Tout était résumé là. L'on pouvait épiloguer sur le sens de "déshonneur", mais pas s'agissant du Dauphin de Bolchen et d'une dame, quelle qu'elle fût. Surtout si on la suppose vierge.
Béatrice lissa sa robe du plat de la main, son ouvrage tout à fait oublié. Bigre... Pouvait-elle donner cette autorisation ? Elle n'était pas responsable de Chlodwig. Mais était-ce vraiment la question ? Béatrice saisit un petit biscuit au gingembre qui traînait dans le coin et l'engloutit avant de répondre.

-"Votre... déshonneur, Blanche ? Si nous parlons de la même chose, jamais vous ne pourrez lui rendre la pareille.
Que comptez-vous faire ? Pensez avant tout à vous. Sans vertu, les mariages ne se font plus aussi aisément..."

Elle se rapprocha d'elle, pour lui prendre la main, après une hésitation.

-"Y a-t-il quelque chose que je peux faire, pour rendre cette épreuve plus douce ?"

Et c'est sans savoir encore, pour le petit bout de truc qui grandit dans le ventre de la Bretonne.

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 31/12/2010

Et quand elle demande à la matriarche d'autoriser l'expiation de ses fautes, et la punition du juste coupable, l'autre n'a de cesse de manger des mignardises, et de s'adonner au péché de gourmandise. Et cela, oui, Blanche trouve cela déplacé, ou indécent, quoique juste irrespectueux. Mangerais-je des macarons, moi, si tu m'apprenais tes plus grands malheurs ? songe t'elle en silence, avant de s'avouer que oui, elle le ferait, mais pas pour manquer de respect, pour juste... chercher les mots.
Elle lui pardonne, et répond.

Me la donner, cette autorisation.
Votre Grâce...
Elle hésite. L'expliquer en d'autres mots serait plus simple.
J'ai perdu espoir d'un mariage depuis des années. Avec ou sans vertu, avec ou sans l'intervention de votre neveu, l'espoir n'était plus. Aussi, je ne réclame pas réparation pour cela.
Mais il faut que vous me compreniez. En Bretagne... tenta t'elle, nous sommes trop fiers pour nous laisser asservir, d'une quelconque façon que ce soit. Et puisque votre neveu a pris sans demander d'autorisation, ma foi.... J'étais disposée à en faire de même.

Œil pour œil ?

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

La Souveraine plissa les yeux, et prit le temps de la réflexion. Il lui était arrivé bien des fois d'hésiter face à une situation délicate. Plusieurs... maintes, des myriades ! Mais aucune n'égalait la présente.
Parce que c'était Blanche.
Parce que c'était Chlodwig.

Béatrice se demandait comment sa vie avait pris un tel tournant. A pas même vingt ans, être en position de décider, d'une façon ou d'une autre, de l'honneur, du devenir, de la honte d'une personne d'un rang au moins égal au sien. Comment était-elle devenue aussi vénérable, aussi sage, aussi vite ? Le temps des rires réprimandés à la silencieuse abbaye de Baume-les-Dames était bel et bien résolu. Restaient sa gourmandise et sa propension à sourire en toutes circonstances.

Toutes ou presque.

-"Ce qu'il a pris... sans autorisation... vous ne pouvez le lui prendre.
Ou, dites-moi, comment comptez-vous prendre son honneur et sa vertu ? Il n'a ni l'un ni l'autre, quoique je vous donne ma bénédiction pour votre vengeance."

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 31/12/2010

"J’abattrai alors le bras d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante..." Pulp Fiction

Peut être était-elle allé trop loin. Elle en avait l'impression, à se sentir remise à sa place, et à se souvenir, qu'elle n'était rien, quand Béatrice était tout.
Mais enfin elle avait eu sa bénédiction, et c'était le plus important. Doutée autorisation, espérée autorisation, injuste et critiquable, mais Béatrice, comme l'avait dit Della, était une femme juste, alors que dire, quand Blanche demandait justice ?
Elle fut étonnée, d'entendre ce à quoi s'attendait la Duchesse, à ce qu'elle prenne à Chlodwig ce qu'il lui avait pris, c'était impossible. Et puis, il aurait fallu être bien cruelle, ou très prétentieuse, de croire pouvoir l'enfermer quinzaine dans une chambre lugubre et élégante, où se mêlaient sueur, sang, et drap de satin. C'était impossible. Et Blanche n'était pas assez cruelle, pour lui infliger le supplice qu'il avait eu l'horreur de lui faire.

Je ne pensais pas lui prendre la même chose, mais une chose... de la même valeur.

Quoique, si on examine la situation, Gwenn... Il t'a pris beaucoup, mais il t'a donné aussi, non ?
C'est ce qu'elle se dit, et la main, bien vite, reprend le pli de sa robe qui tombe à merveille, comme Attia l'avait prédit, et cache les courbures qu'on ne voudrait voir.

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

Face à la détermination de la Bretonne, un frisson parcourut le dos de Béatrice. Elle espérait, œuvrant à nuire à son neveu, ne pas nuire à son propre nom. Car Chlodwig n'avait de respect pour rien, n'avait nulle dignité, hormis celle de servir le Souverain de Bolchen. Alors... Pour lui rendre le mal pour le mal, dans une belle vengeance carrée, Blanche irait-elle jusqu'à nuire à Guise von Frayner ?

Elle n'aurait pas même dû l'envisager, car Blanche était une amie. Mais la vendetta s'affranchit de tout lien ; dans la vengeance, plus rien d'autre ne compte.
Alors, Béatrice, serrant la main de Blanche, qu'elle tenait dans la sienne, dit d'une voix frémissante :

-"Plaise au Très Haut que vous trouviez cette chose ; plaise au Très Haut qu'il soit le seul à en souffrir. Vous avez raison de vouloir cette vengeance, mais prenez garde que ça ne détruise nul autre que lui."

C'était un conseil comme une supplique. C'était un brin de peur dans la voix de la Castelmaure.

Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 31/12/2010

C'était pas faux, bon d'la c'était tellement vrai, ce qu'elle disait, Béatrice ! Et en plus de ça, elle le disait en étant si courtoise, et si respectueuse, qu'il était impossible à Blanche de feindre de ne pas avoir compris, ou de passer outre.
Bordel de merde !
D'autant, que trouvant sans doute le moment propice, on entendit soudain des pas feutrés derrière la porte, d'où une voix douce se souleva, rappelant à l'ordre un fils royal qui gambadait sur les tapis.
Charlemagne, ou Béatrice, Blanche ne devait blesser aucun des deux. Notez bien, qu'à aucun moment elle ne songea à Guise, Guise elle s'en foutait, mais alors... Royâââlement.

Je prendrai le temps de réfléchir à l'outil de ma vengeance, Béatrice. Mais soyez assurée qu'à aucun moment l'on ne pourra faire un lien entre lui, et vous.
Elle posa alors sa propre main sur celle de la Castelmaure, en superposition de chair. L'un des seuls contacts, jusqu'alors, qu'elles s'étaient toutes deux autorisé. Quoiqu'une fois, la camériste partie, Blanche avait serré plus un nœud dans le dos de la Duchesse, et touché, si ce n'était la peau, au moins une infime partie du tissu bleu. Cette main chaude dans les siennes, elle sentit qu'il se passait quelque chose, un pacte scellé, une promesse de faite, je blesserai ton neveu puisque tu m'y autorises, mais je jure de ne pas te nuire, muo dunne.

Oui, elle le promettait.
Mais elle ignorait que l'instrument de sa justice, Della de Volvent l'avait déjà cherché, et trouvé, presque, pour mettre à mort le monstre, et blesser l'homme.
Elle sourit, clôturant ainsi la discussion. Le courage lui manquait pour avouer, en plus, la présence du troisième hôte dans la pièce. Béatrice lui aurait elle pardonné ?
Elle parla plus fort, pour que la nourrice entende.

Peut-on rappeler la nourrice ? Votre fils est si beau...

Puis, elle saisit son ouvrage, abandonné près d'elle.
Un "C", entortillé dans sa boucle, une lettre unique brodée sur ce qui serait, emplumé, un coussin pour le berceau de l'enfant. Elle piqua la toile noble, ne regarda pas.
Son sang, happé par l'arme de fer, imbiba alors l'étoffe blanche. C'était une goutte, unique, mais qui gagnait les fils et rongeait leur pureté. Le C, attaqué par le sang de la bretonne. Le C... l'autre. Il paierait !

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

La Duchesse prit le temps d'apprécier la main de Blanche répondant à la sienne. Oui, elles scellaient quelque chose. Béatrice n'avait pas conscience de la violence qu'elle venait de cautionner, mais elle sentait la puissance de ce lien. Après un instant de silence, durant lequel on entendait le babil à demi intelligible de Charlemagne derrière l'huis, Béatrice lâcha ces mains, et Blanche retourna à son ouvrage, concluant elle-même la confession.

Béatrice, laissant sa dame de compagnie à ses travaux d'aiguille, alla à la porte et l'ouvrit à la gouvernante et l'enfant, qui trottina à l'intérieur, sous ses bouclettes brunes.