Quant l'Amitié prend tout son sens.

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 25/11/2009

En quittant Digoine, Della avait donné ordre au cocher de se rendre tout droit vers Railly.

En chemin, elle ne cessa de penser et repenser à ce qu'elle venait de faire.
Digoine lui en voudrait, à coup sûr.
Il n'était pas homme à apprécier les coups bas or, ce qu'elle lui faisait en était un. Du moins, le pensait-elle comme tel.
Mais tant pis !
Il y avait en jeu bien plus que le respect de Digoine, il y avait en jeu une Amitié, une vraie, qui prend tout son sens quand on l'a perdue.
Cette Amitié, Della la partageait avec Béatrice. Et ce depuis qu'un jour, Eldwin, paix à son âme, avait suggéré à Béatrice que Della devienne sa dame de compagnie.
Il avait suffit de peu pour que ces deux jeunes femmes s'aiment, s'apprécient et goûtent la saveur de leur relation.

Tandis que le coche brinquebalait sur les routes de Bourgogne, Della priait.
Le Ciel devait être remercié, une fois encore, de son intervention, de cette main posée sur la tête des Amies, veillant sur elles, les réunissant encore et encore et cela, par-delà les aléas semés par la créature sans nom ou tout simplement par la vie.

Lorsqu'ils furent en vue de Railly, le cocher ralentit l'allure.
Della poussa le nez par la fenêtre et respira à plein poumons, l'odeur de cette terre dont elle retrouvait la responsabilité.

Plus tard encore, alors qu'elle avait été accueillie par les gens de la mesnie, qui ne l'avaient pas déjà oubliée, elle s'installa à une table et se fit apporter de quoi écrire car écrire, il allait falloir...

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 25/11/2009

Citation :: Votre Majesté,
Ma Reyne,
Chère Béatrice.

Le bonjour vous va.

Je vous écris de Railly.
Cela doit vous surprendre, je n'en doute pas.
Un valet bleu est venu porter une lettre à Digoine.
A la lecture, il ne me fallut que quelques instants pour savoir ce que je devais faire.
C'est ici que j'ai trouvé refuge pour quelques jours.
Ainsi, sans doute Eusaias va-t-il me maudire pourtant, cela n'est rien à côté du bonheur de reprendre la place que vous m'offrez.
Car vous avez raison. La Noblesse à laquelle vous m'avez appelée, je ne peux lui faire défaut. Et je vous remercie pour cela.

Railly est merveilleux, j'ai été étonnée en arrivant, de trouver tout comme cela avait été laissé, il y a quelques mois. C'est exactement comme vous le disiez, tout dormait.
Ma joie est grande, chère Amie, sachez-le. La reconnaissance que j'ai pour vous, l'est tout autant.
Merci, ma Reyne.
Railly sera choyé, sans doute avec encore plus d'attention qu'il ne l'aurait été si nous n'avions connu cette aventure, je vous en fais serment.

Aussi, je fais le choix de vous suivre jusqu'à l'Orléanais. Vous ne vivrez pas seule, je veillerai sur vous, ma Reyne, mon Amie. Et tout ce que je pourrai vous donner, je vous le donnerai par Amitié pour vous, comme lorsque nous bavardions à bâtons rompus, autrefois.

Déjà, si maintenant, je peux vous épauler, vous savez que vous pouvez compter sur moi ainsi que sur mon époux qui, je vous le confie, vous apprécie grandement.
Tenez, je vous confie que le Duc Lexhor aurait aussi tendance à vous trouver bien des côtés positifs.

J'attends avec impatience de vos nouvelles.
Prenez grand soin de vous.
Mes prières vous accompagnent.

Qu'Aristote vous bénisse.

PS : je vous laisse contacter Theudbald ou tout autre héraut, mais dans mon coeur, je suis redevenue déjà Dame de Railly.

Della hésita un moment et...elle ajouta un petit post-scriptum, ne résistant pas à cette joie qui la dévorait.

La deuxième lettre serait plus délicate...

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 25/11/2009

Citation :: Cher Baron,
Mon ami Eusaias.

A cette heure, un garde vous aura prévenu de mon départ précipité de Digoine et je gage que vous devez être furieux contre moi.
Je ne pourrais vous en vouloir.

Mais laissez-moi vous expliquer la raison de ce départ.
Vous savez l'Amitié qui me lie à la désormais Reyne.
C'est une Amitié profonde, enracinée et, nous le savons maintenant, à toutes épreuves.
Si nous avons connu une période houleuse - je n'ai pas besoin de vous en rappeler la raison - nous sommes désormais à nouveau très proches.
Aussi, Béatrice apprenant que vous vouliez faire de moi votre vassale, elle décida de vous coiffer sur le poteau.
A toute autre personne, j'aurais dit non.
Mais à elle, je ne peux rien refuser.

Je sais qu'un jour, votre colère s'apaisera et je veux croire que ce jour-là, vous pourrez à nouveau me voir comme une amie que jamais je ne cesserais d'être.

Pardon, Baron, pardon du fond du coeur.
Puissiez-vous accepter mes excuses.

Qu'Aristote vous bénisse, mon ami.

C'était difficile...Elle savait qu'elle faisait de la peine à Eusaias et que quelque part, elle lui manquait aussi de respect.
Mais, comme Béatrice l'avait si bien écrit, c'était son choix.
Choisir, c'est renoncer...

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 25/11/2009

Citation :: Cher Ange,

Lorsque vous lirez ceci, vous aurez appris que j'ai renoncé à Digoine.
Pardonnez-moi d'être partie sans vous attendre mais je devais venir ici, à Railly.
C'est d'ici que je devais écrire ces lettres qui s'empilent sur le bureau car c'est ici que les mots allaient naître et prendre tout leur sens.

Mais je ne vous laisse pas plus longtemps dans l'impatience.
Voici donc que j'étais à Digoine, que j'attendais le Baron et le Héraut.
Alors, l'on porta pour moi, une lettre de Béatrice qui me disait son espoir de me revoir à Railly.
Vous savez comme je l'aime.
Vous savez aussi que ma fidélité lui est acquise depuis si longtemps.
J'ai fait une erreur en acceptant Digoine, je le comprends maintenant et j'en vois toute l'étendue de la faute.
Mais j'ai posé mon choix. C'est Béatrice. Sans aucune hésitation.
Voilà la raison de mon absence à Digoine et de ma présence à Railly.

Mais ce n'est pas tout.
Béatrice me propose aussi de la suivre et de la rejoindre en Orléanais où elle va prendre une demeure, à l'écart du Louvre.
Vous comprenez ce que cela veut dire, pour nous.
Il me faut le temps d'organiser tout cela.
Cela peut prendre du temps, quelques semaines sans doute.
Mais le temps où nous vivrons ensemble est proche, mon amour.

A bientôt.
Qu'Aristote vous garde.

Tendres baisers.

Oui...Della venait aussi de faire un autre choix.
Quitter la Bourgogne serait un déchirement mais Railly serait l'occasion d'y revenir, très souvent car cette terre était si belle et si prometteuse et si symbolique...Très souvent, les pas de Della se poseraient par ici.
Mais entretemps, c'est auprès de deux êtres qui comptaient parmi les plus chers, son époux et sa Reyne, qu'elle vivrait.
Restait à savoir si Blanche suivrait...Si elle aussi pouvait venir, alors, le bonheur serait complet !

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 25/11/2009

Citation :

Fantôme Illustre Nombre de messages : 533 Date d'inscription : 30/09/2008

Quand Béatrice eut la réponse de Della, on ne peut nier qu'elle sourit, qu'elle rit même ! C'était comme si le poids de plusieurs années s'était envolé, loin et haut, très loin, si loin !
Son temps était infiniment précieux, mais elle le dépenserait presque sans compter, pour Della :

Citation :: Chère Della,

Nous espérons... Ou j'espère, oui, que ce n'est pas à la Reine à laquelle vous obéirez. Que nos relations ne seront jamais encombrées de cette couronne que nous portons désormais.
Le temps me manque pour vous dire mon bonheur. Sachez qu'il est profond et répand en moi une douce chaleur.

Je vais contacter Theudbald pour la cérémonie, qui ne sera qu'une formalité. J'ai également l'une de mes dames de compagnie actuelles à prendre comme vassale, car une opportunité de mariage s'est présentée qui a précipité ce projet que nous formions pour elle. Aucune, hélas, ne saurait nous être aussi précieuse que notre Dame de Railly.

B.d.C.

Citation :: De nous, Béatrice de Castelmaure, Vicomtesse de Chastellux,

À vous, Theudbald Malhuys, Héraut de Bourgogne,

Salut !

Nous portons à votre connaissance notre volonté de réoctroyer le fief de Railly à Della de Volvent, qui le tenait jadis et a accepté de le recevoir à nouveau de nos mains. Les raisons nous sont toutes personnelles.
La cérémonie se tiendra à l'Hostel Saint-Paul à la date qu'il vous plaira de nous indiquer et pour peu que cela n'entre pas en conflit avec un autre point de notre emploi du temps royal.

Que Saint Bynarr bénisse la Bourgogne,

B.d.C.

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 25/11/2009

A Railly, Della n'avait pas attendu la cérémonie officielle pour reprendre les rennes du fief.
Après tout, elle ne revendiquait rien, elle s'occupait seulement de faire tourner la boutique.

Elle avait fait le tour des terres, demander quelques réparations de clôtures de ci de là, elle avait donné quelques conseils aussi et surtout, elle avait longuement inspecté chaque rangée de vigne.
Les jeunes plants avaient été soignés. Et cela la toucha.
Au printemps, il y aurait encore des soins à donner, évidemment et aussi, il faudrait la tailler mais...mais tout cela était prometteur.

Railly aurait son cru, dans quelques années, lorsque les vignes auraient trouvé leur terre et que le vin produit serait à une bonne maturité.
Le vin de Railly serait la nouvelle fierté de la Blonde Renarde, le vin de sa Reyne.

Après sa sortie, Della prit un repas et se retira dans sa chambre.
Elle allait étudier les livres de comptes...ce serait une longue soirée.

Demain, elle écrirait à Béatrice pour lui donner l'état de Railly.